SOBRIETE ALIMENTAIRE OUI… MAIS LA SOBRIETE TECHNOLOGIQUE ?

Il y a peu Pékin menaçait les États-Unis de réduire l'accès aux terres rares, en représailles à la décision de Washington d’interdire aux sociétés américaines la vente de technologies à Huawei. Ces minerais sont pourtant indispensables aux industries du numérique et de l’énergie. Des pans entiers de notre économie sont dépendants de ces ressources minérales.

Cérium, dysprosium, terbium, samarium, yttrium, scandium et autres lanthanides, les terres rares sont dotées de noms qui font rêver.Sans elles ni smartphones, ni batteries de véhicules électriques, ni panneaux solaires (entre autres)… Elles sont aussi dotées de propriétés qui leur donnent une place particulière dans la chimie de synthèse. Pourtant si l’on ne donne pas un vrai coup de frein à la fabrication des voitures électriques et du numérique, la demande va croître de manière exponentielle avec le désastre écologique qui l’accompagne.La Chine contrôle aujourd’hui plus de 80% des extractions et des capacités de transformation des minerais de terres rares mondiaux, ceci s’explique par d’immenses gisements et par l’arrêt de l’extraction de ces terres rares dans de nombreux pays, il s’agit, en effet, d’une activité extrêmement polluante et présentant un risque sanitaire non négligeable, les gisements de terres rares contenant souvent des éléments radioactifs.

L’Europe, particulièrement dépendante alors qu’elle souhaite développer sa propre filière de batteries, réagit en explorant son potentiel minier. Une exploitation qui se ferait au prix d’impacts environnementaux potentiels qu’il est indispensable de mesurer. Autant d’éléments qui interrogent quant à la résilience de notre modèle de développement économique, fondé quasi exclusivement sur l’innovation technologique et le numérique. Face à un risque de pénurie – organisée – de terres rares, comment envisager une transition écologique qui ne repose pas sur les high-tech ? La sobriété, une fois de plus, apparaît comme une solution. Sobriété dans l’utilisation de ces métaux rares, qui implique de repenser la conception et l’usage de produits devenus quotidiens. Comme quoi le low-tech pourrait bien être une option d’avenir…

Autonomie alimentaire

Face à la guerre des minerais qui semble se profiler, il semblerait prudent de pallier à nos besoins alimentaires et d’éviter que la domination de certains pays ne soit utilisée à des fins commerciales dans ce domaine.

La solution serait-elle alors dans la production directement en ville ?

Dans le contexte actuel de crise économique, les urbains rêvent d’une autonomie alimentaire à l’heure où les circuits courts privilégiant les produits locaux et Bio se multiplient dans l’hexagone. Le potager en terrasse ou la ferme d’insectes facilement implantable dans nos villes et villages sont la preuve que des solutions existent. Elles sont loin d’être anecdotiques, et combinées à une agriculture française qui devient de plus en plus responsable, pourraient nous permettre d’envisager l’avenir avec plus de sérénité. Notre prise de conscience depuis quelques années devant les dégâts engendrés par une consommation sauvage a incroyablement modifiée nos comportements, ce qui, au grand dam de certains, est très encourageant !